
Dans ma tête, c’est le même bordel qu’au gouvernement français en ce moment.
J’écris cet article à la veille du 10 septembre 2025, journée de blocage et d’appels à la mobilisation partout en France. Ça risque d’être un sacré bordel donc. Un bordel populaire, que j’espère joyeux et rempli d’adelphité, malgré la répression qui s’annonce.
Moi qui me pose toujours un milliard de questions, forcément je m’en pose quant à mon implication dans le mouvement. Je ne peux pas aller manifester, pour des raisons d’anxiété principalement. Alors je m’interroge sur ma légitimité : suis-je une militante en carton ? Militer, est-ce juste manifester ?
Heureusement (pour moi, mais peut-être aussi pour toi), ce n’est pas le cas. On peut militer en relayant des posts engagés, en soutenant des caisses de grève si on en a les moyens, en allant aider dans la logistique, en faisant grève, en ne participant pas au capitalisme dans la mesure de ses moyens…
C’est sûr que ce n’est pas ce qui est le plus visible, quoi que, mais ça compte aussi.
Parce que ne pas participer à la vie capitaliste, rien que le temps d’une journée, c’est déjà beaucoup. Parce qu’accepter de perdre de l’argent, alors que la vie n’est facile pour personne, en faisant grève, c’est déjà bien.
Mon 10 septembre, je compte le passer de façon déconnectée en prenant des moments pour faire des choses par moi-même sans dépendre du système : faire du pain, réparer mon vélo, aller soutenir les camarades qui manifestent, m’éloigner des machines et de l’informatique le temps d’une journée… J’ai la chance de pouvoir le faire, j’en suis consciente.
En réfléchissant à cette journée et à l’appel à éviter tout achat (notamment par carte bancaire pour ne pas rémunérer notre banque), je me suis rendue compte combien on est dépendant·es de toutes ces connexions, de ces plateformes. Et en plus de me faire peur, ça motive mon envie de déconnexion.
J’ai envie de me reconstruire un quotidien qui passe moins par ces géants de la tech qui savent déjà trop de moi à mon goût. J’en ai assez de cette société qui nous fait ingérer de la bouffe remplie de E et qui colle des pesticides et des perturbateurs endocriniens. Mort à notre santé au nom de leur profit. Je ne suis pas un modèle tous les jours à ce niveau : je mange moi aussi encore des produits ultra transformés, je passe parfois commande sur les plateformes. Mais j’ai eu un déclic il y a quelques semaines, et je m’astreins à le faire le moins possible.
Je ne suis pas parfaite, mais je suis déjà fière des efforts que je fournis et de ce que je mets en place.
En ce moment, faute d’écrire beaucoup, je lis beaucoup. Je découvre des auteurices qui élargissent ma pensée et nourrissent à la fois mon imaginaire, mon engagement militant et mon esprit critique. Comme d’habitude, je suis sélective sur ce que je choisis et je ne vais pas perdre mon temps (sans compter mon attention et mon argent) avec des auteurs qui véhiculent des idées que je sais nauséabondes sur le principe qu’il faut donner leur chance à tout le monde.
Non, ma tolérance a pour limite les intolérances des personnes de droite et au-delà.
Je voulais écrire un texte pour cette journée de blocage national, mais je ne trouve pas l’inspiration pour. Alors, je me suis rendu compte qu’en fait, ce poème existait déjà :
Allons enfants de la France
Et de tous les pays
Le temps de lutter
Est venu, arrivé.Donnons, donnons,
Ensemble de la voix
Unissons nos chants
Sous une même bannière
Justice, intersectionnalité, respect.Peu importe ton genre
Ta couleur de peau
Ou ta religion
J’ai en moi une envie
De défoncer avec toi
Toutes les oppressions.Violeurs, forceurs, racistes
Facistes, gros pollueurs, masculinistes
On vous sait
On vous voit
Et un jour, bientôt, on agira.14 juillet
Jour de fête, de liberté
Je prends la mienne pour parler
Pour celles et ceux
Qu’on fait taire, qu’on ignore,
Les marges.Ne me dis pas quoi écrire
Quoi penser, quoi crier
Quand je sors de mes tripes
Des mots pour faire bouger les lignes.Allons enfants de France
Et d’ailleurs
Le temps de crier
Poing levé,
Est arrivé.~
Je ne sais pas si tu bloqueras demain, si tu fais grève ou si tu soutiens l’appel d’une façon ou d’une autre. Dans tous les cas, j’espère que cet article, un peu fourre-tout j’en conviens, t’aura plu !