Écrire pour vivre


Pensées / samedi, octobre 1st, 2022

Lire m’aide à vivre, je l’ai déjà écrit dans cet article. C’est un acte extrêmement important pour moi. Mais pour vivre pleinement, ça ne me suffit pas.

J’ai aussi besoin d’écrire

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Après mon burn-out, j’ai arrêté d’écrire. Pas que je n’en avais pas envie. Je ne pouvais plus, c’était vide. Je n’ai pas arrêté de vivre, bien sûr. Mais ce n’était pas complet, il me manquait un morceau important, un bout d’âme presque. Ce morceau, c’est l’écriture.

Bien sûr, je ne parle pas de remplir un formulaire ou de dresser la liste des courses de la semaine. Par « écriture », j’entends l’acte de mettre par écrit ces choses qui me collent à la tête et au cœur. Des pensées, des images, des poèmes, des émotions brutes que je triture et que j’analyse par écrit.

Tout n’est pas revenu d’un coup. Je sens d’ailleurs que c’est parfois un peu fragile, même si ça se consolide jour après jour, à force de reprendre le stylo ou le clavier. Mais quel plaisir de sentir le plaisir, et surtout l’envie, revenir !

Celleux qui me connaissent savent à quel point c’était important pour moi, d’écrire. Je me lançais dans de nombreux projets, je pouvais écrire plusieurs articles de blog par semaine. J’étais engagée dans l’écriture dans un projet de murder-party et dans la réécriture d’une autre. Sans compter les textes de fiction dont j’avais l’idée en tête.

Puis, ça s’est arrêté. Trop de pression dans ma vie professionnelle a brisé plusieurs choses. Manque de bol, la capacité et l’envie d’écrire en faisaient partie. Je ne suis pas partie de zéro, mais pas loin. Ça a pris plusieurs mois, des mois où, toute seule, je culpabilisais de ne pouvoir mettre aucun mot par écrit. Je n’en parlais à personne. Après tout, ne pas pouvoir écrire, ce n’est pas si grave, tu as la santé au moins. Je ne peux pas dire si mon entourage l’aurait compris. Mais ce dont je suis assez sûre, c’est que je n’aurais pas su expliquer ce qui manquait réellement à mon âme.

Ensuite c’est revenu. J’en ai parlé à une psychologue, j’ai pris le temps de soigner mes maux par des paroles, des exercices, de la cogitation. Puis par les mots. On s’est ré-apprivoisés, on a refait connaissance. Depuis un peu plus d’un an, je tiens un journal. Comme le journal intime de mon adolescence, excepté le « Cher journal », dont je n’ai pas besoin, puisque je me parle à moi-même. D’abord, il s’agit d’une entrée de temps en temps, souvent d’à peine quelques lignes vides de sens : je n’osais pas m’écrire franchement, j’avais peur que quelqu’un surgisse du néant derrière mon épaule et me critique. Ne riez pas, c’est un peu ça. Il m’a fallu pas mal de temps afin de m’autoconvaincre que personne n’allait jamais poser les yeux sur ces mots, pas moi-même, sûrement. Alors, petit à petit, j’ai lâché prise et laissé les mots couler. Ce journal est vite redevenu ce qu’il était quand j’étais plus jeune, un réceptacle qui me permet d’y dérouler mes pensées pour les analyser ensuite. Me calmer, mon esprit et moi.

Au fil des mois, je me suis remise à la poésie. J’ai tout le temps aimé ça. Adolescente, il s’agissait de mon mode d’expression favori. Puis je suis passée à autre chose et j’ai délaissé ce genre. Aujourd’hui, je peux le dire, je suis une poétesse. Croyez-le, j’ai eu beaucoup de mal à m’affirmer ainsi. Il m’a fallu me l’entendre dire par des proches pour que j’ose. Mais c’est l’expression artistique à fois la plus naturelle pour moi et la plus efficace. Efficace, car elle répond à mon besoin désespéré d’exprimer au mieux ce que je ressens. Et surtout, c’est elle avec laquelle je me sens la plus à l’aise.

Tous les jours, je réussis à mettre en mots une image que j’ai en tête de la plus belle des façons. Elle m’aide à faire ressortir la beauté du monde quand j’ai beaucoup de mal à la voir autrement. En quelques vers, elle m’aide à faire sortir de moi ce qui ne va pas, ce qui me blesse, ce qui me tracasse.

Peut-être que j’hésitais à clamer que j’écris de la poésie, car le genre véhicule encore une image un peu poussiéreuse et prétentieuse. Alors que la poésie contemporaine est pleine de vie et de modernité. Et d’auteurs et (surtout) d’autrices de grand talent.

J’ai longtemps culpabilisé de ne pas parvenir à écrire des textes très longs, comme de la fiction. J’ai dans la tête une idée d’histoire depuis plusieurs années. Des brouillons de nouvelles. Mais je ne parviens pas à me mettre à travailler dessus. Peut-être serai-je romancière un jour, peut-être que non. Ce n’est pas si grave, j’ai tout le temps du monde devant moi pour le devenir.

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En attendant, j’ai la poésie. Et ce n’est pas si mal.

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