Tout sera-t-il artificiel ?


Pensées / mardi, octobre 17th, 2023

La nourriture, la technique, les relations, l’art et la création : l’intelligence artificielle semble envahir peu à peu tous les aspects de notre vie quotidienne. Parfois, c’est vraiment utile, parfois ça me semble clairement dangereux. Alors, est-ce que je dois me mettre en PLS tout de suite ou est-ce qu’on peut encore faire quelque chose ?

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Aujourd’hui, je suis tombée sur la story d’une amie artiste qui s’interrogeait sur la place de la pratique de la peinture traditionnelle (comprends par là avec des techniques employant un pinceau ou un crayon par exemple) dans une société où des médias et des personnes utilisent l’intelligence artificielle pour faire de l’illustration. On en a un peu discuté et ça m’a pas mal fait réfléchir à ce sujet.

Je ne suis pas illustratrice (ça se saurait), mais je suis sensible à ce genre d’abus. J’avoue que plus que de l’inquiétude, je suis carrément en colère vis-à-vis de la facilité avec laquelle des entreprises et des médias ont recours à l’intelligence artificielle au détriment d’un ou une artiste qu’il faut payer correctement.

Sur des réseaux comme LinkedIn, on voit souvent les entrepreneurs et des entrepreneuses de la startup nation se pâmer devant les gains de temps, d’argent (au détriment de l’humain, tu l’auras compris) qu’ils et elles peuvent obtenir. C’est sûr que ça va plus vite, ça ne râle pas quand ça doit créer un contenu le soir ou le week-end pour un salaire pas ouf.

Tout ça pour (souvent) vendre plus des choses dont on n’a pas besoin dans un monde croulant sous la pollution humaine, l’appauvrissement des ressources et le dépassement régulier des limites planétaires. Je sais que c’est dans la nature du capitalisme que de privilégier les (super-)profits au détriment de l’environnement et de l’humain. Il n’empêche que je suis toujours sidérée et dégoûtée. Et l’intelligence artificielle, un outil comme un autre vous me direz, met « juste » en évidence cette tendance.

Parce que je suis persuadée que l’IA peut constituer une aide, en particulier dans des secteurs comme la médecine ou d’autres qui aident réellement l’humanité. Mais franchement, est-ce qu’on a besoin de plus de contenus « putaclic » sur des sujets divers et variés ? Je ne pense pas. Mais notre société est capitaliste et sur le Web, il faut aller vite et produire beaucoup. Et tant pis pour l’impact écologique de Ch@t Gépété et autres logiciels pour entrepreneurs pressés. Déso pas déso à celles et ceux qui galèrent dans leurs passoires thermiques et/ou qui peinent à se nourrir hein.

Et même dans une entreprise dont le but ne serait pas de contribuer à sauver des vies, l’IA est susceptible d’aider les salarié·es dans des tâches chronophages et/ou pénibles, comme la robotisation dans l’industrie. Mais malheureusement, le facteur humain est trop souvent oublié face aux profits potentiels (l’IA qui ne râle pas quand il faut bosser le week-end mentionné plus haut). Le développement de l’outil en entreprise ne devrait pas se faire au détriment de l’humain, je le dis et le répète.

Personnellement, je n’ai pas vraiment envie de vivre dans un monde où la moindre interaction autre qu’avec mes proches se fera par le biais d’une intelligence artificielle. La numérisation à outrance des services, en particulier les services publics, creuse une fracture numérique déjà bien existante (cf. cet article de 2021 à ce sujet). Je ne parle pas seulement des prix de plus en plus démentiels des terminaux (smartphones, tablettes et ordinateurs), de leur obsolescence ou de la 5G qui rend des réseaux plus faibles inutiles pour naviguer sur le Web. Je parle de la disparition des présences humaines aux guichets et remplacées par des bornes bornées et souvent en panne.

Et puis, il faut sans cesse aller plus vite, toujours plus vite. Je rêve d’une société où il ne s’agirait plus d’une valeur cardinale, où le profit ne serait plus le maître mot. Une société où l’argent reprendrait sa vraie place, où les entreprises (des scoop, autorisons-nous à rêver) reviendraient à des profits mieux redistribués entre leurs membres. Et bien sûr, une vie plus proche de la nature, plus sobre et plus joyeuse, cela va sans dire, mais ça fait du bien de le rappeler.

Des initiatives positives et qui donnent espoir existent, heureusement. Elles me disent qu’il ne faut pas désespérer, que c’est encore possible. Entre les associations qui aident les gens à se familiariser avec le numérique, les monnaies locales, toutes les initiatives sociales et solidaires, et les syndicats, il ne reste qu’à s’engager !

Parce qu’une fois qu’on sait, on ne peut plus détourner le regard.

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Bien sûr, il s’agit d’un point de vue partial et trèèèès subjectif. Et axé sur les abus de l’intelligence artificielle par des gens peu scrupuleux. Et j’ai peut-être oublié quelques exemples… N’hésite pas à les rajouter en commentaires !

Image from Tecnalia

Une réponse à « Tout sera-t-il artificiel ? »

  1. Super article Mathilde! C’est clair que ça ferait du bien à tout le monde et à la planète si on arrêtait de courir après des chiffres inateignables et qu’on redonnait un peu d’humanité à notre quotidien au lieu d’essayer sans cesse de l’automatiser et de passer à côté de l’inattendu. Pas de surprises, pas de risque surtout… mais bon ça finira par changer… peut être bientôt?!

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