La poétesse qui a renoué avec son pouvoir


Pensées / dimanche, décembre 17th, 2023

C’était par un matin de novembre. Beau ou gris, la mémoire me fait défaut sur ce point. J’avais écrit la veille un texte sur l’automne. Celles et ceux qui suivent mes aventures bloguesques ici le savent, j’adore l’automne. C’est bien beau, mais écrire un texte sur une saison, ça me laissait comme un goût d’inachevé, presque de « pas assez ». Alors quoi, pas besoin de beaucoup plus après tout, il n’y avait qu’à écrire encore et encore !

Facile.

~

Oui… mais. J’avais besoin d’un challenge, fut-il personnel. Le NanoWrimo m’a toujours un peu intimidée, car il implique d’écrire un certain nombre de mots par jour. Or, j’avais envie d’écrire tous les jours, mais pas un roman. Plutôt, le genre qui me touche le plus, allez savoir pourquoi, la poésie. C’est ce qui me parle le plus, ce par quoi j’exprime le mieux mon rapport au monde et ce qui se passe en moi.

Alors, je me suis dit, autant me créer mon propre défi d’écriture et d’imaginer un poème par jour, puisque c’est ce avec quoi je me sens la plus en phase. C’est comme ça qu’est né mon Poetryvember. Et qu’autant de textes sont sortis de ma plume du 1er au 30 novembre. En tout, 27 poèmes sont sortis droit de mon imagination.

Ce sont des textes engagés, des odes à la nature ou des écrits beaucoup plus personnels, dont j’espère – et je sais – qu’ils ont résonné chez plus d’une personne. Ces textes expriment ma vision du monde, l’expression de mon moi profond, de ma puissance personnelle. J’ai dressé, en quelque sorte, une carte sensible de moi-même en évoquant ce qui me touche, ce qui me porte, ce qui me fait brûler, ce qui fait mal, ce qui me soigne. En bref, ma poésie est un reflet de ma vie.

Rien n’est jamais vraiment facile dans la vie. Bien souvent, il ne suffisait pas d’ouvrir l’application de prise de notes de mon téléphone ou mon journal, crayon à la main, et de laisser l’inspiration passer à travers moi pour la transformer en art.

Écrire de la poésie chez moi, c’est parfois une association d’idées qui fait écho à quelque chose en moi. Dans ce cas-là, le texte s’invite tout seul, l’écriture suit. Et il arrive que le résultat me plaise bien, alors je le sauvegarde et je le publie comme ça.

Mais ce cas de figure, s’il se produit bien, n’arrive pas souvent non plus. Ce qui arrive souvent, c’est qu’une idée, un vers, une expression que je trouve belle vienne à moi et se niche dans un coin de mon crâne le temps que je la fasse mûrir et que je lui trouve les mots qui la mettront en valeur. Parfois aussi, je peine à faire sortir le moindre mot de ma tête. Je me cogne à un mur que je pourrais comparer à la ligne blanche qu’on n’a pas le droit de traverser lorsque l’on conduit. Soit la ligne finit par m’autoriser à traverser, soit ce n’est pas possible et je laisse tomber. Ça arrive, j’ai appris à faire avec.

Il est arrivé aussi qu’une idée qui me semble prometteuse finisse par partir d’elle-même. Bien entendu, c’est quand je n’ai pas accès à de quoi écrire (sous la douche, au volant, toi-même tu sais). Peut-être que cette idée n’était pas faite pour moi. En tout cas, c’est le postulat d’Elizabeth Gilbert dans Comme par Magie et j’aime cette idée.

J’ai donc appris à faire avec ce que j’avais autour de moi (la lecture, des discussions avec mes amies) et ce que j’avais en moi pour articuler le tout et écrire cette petite trentaine de poèmes. J’en tire une grande fierté.

Je suis fière, car cet autochallenge éloigne encore le burn-out qui m’a coupée de l’écriture et me prouve à moi-même que non seulement je suis capable d’écrire tous les jours, mais aussi que je suis capable de laisser faire lorsque rien ne vient et que l’auto-discipline vient seule lorsque le sujet me passionne vraiment.

Bien sûr, j’écris pour être lue. Plus particulièrement, pour que ceux et celles qui me lisent se sentent touchées par mes mots, qu’ils et elles se sentent moins seules avec ce qui peut les tarauder et les blesser. L’écriture est quelque chose de profondément personnel, mais aussi d’un peu égoïste. Souvent, je pose mes mots pour évacuer un trop-plein de mon cœur.

J’ignore si je referai ce challenge. J’ai bien envie de tenter l’aventure de l’édition de mes textes. J’ai commencé à les organiser par catégories. C’est drôle de me retrouver du côté de l’autrice alors que je suis maintes fois passée par le côté éditorial de la force. Il me reste encore du travail et cette fois, l’autodiscipline me manque parfois.

Je me fais confiance, je saurai sauter le pas lorsque je m’en sentirai prête.

À bientôt,

Mathilde

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